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Que se passe-t-il à partir du 10 mai dans l’entité ?

D'après le journal de campagne du Capitaine Nicaise des 14ème et 12ème Artilleries, l'alerte générale est déclenchée par téléphone le 10 mai à 01h15. Instantanément, le groupe occupe les positions avancées à Couthuin avec deux sections. Dans l'heure qui suit, tous les emplacements défensifs sont occupés par l'ensemble des effectifs, conformément au plan de l'alerte générale. En renfort, une partie du personnel du II Bataillon, du III Bataillon, ainsi que la 10ème Compagnie, sont affectés au 5ème groupe du 12A pour le soutien-feu indirect. Étant donné que le 5ChA ne dispose pas de canons antichars, il reçoit trois canons C47 de la division.

Trois compagnies (la 4ème, la 5ème et la 7ème) fournissent chacune un détachement pour occuper une série de postes d'urgence dans les villages de la rive droite de la Meuse. La 6ème compagnie, équipée de deux bateaux à moteur munis de projecteurs et de deux mitrailleuses, effectue des patrouilles sur la Meuse. Les bunkers sont renforcés et des points d'appui sont établis entre eux. À proximité de Bas-Oha, Lamalle et au château de Dessart, la défense aérienne est mise en alerte et prête.

Les postes de commandement tactiques sont ouverts : le commandement du régiment se tient à Envoz. Le 2ème bataillon installe son poste de commandement près de l'église de Couthuin, et le commandant du 2ème bataillon prend position au cimetière de Bas-Oha. Comme presque partout dans le pays, les unités constatent la supériorité de la Luftwaffe.

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Un extrait de journal de campagne 

Dans la matinée, les sections anti-aériennes ouvrent le feu sur les avions allemands survolant le territoire. Vers 7h30, une information surprenante arrive aux états-majors : des parachutistes ont atterri du côté de Bierwart-Héron.

Immédiatement, un peloton de la 7ème compagnie est envoyé sur place, mais ne découvre rien. Plus tard dans la matinée, il est confirmé qu'à Eghezée un certain nombre de poupées de paille en uniforme kaki a été balancé par l'armée de l'air allemande. Mais cette nouvelle sème la panique parmi les soldats belges qui venaient de Wannériffe à Surlemez. Dans la confusion, un caisson à munitions est abandonné dans la "rowalette " trop étroite en dessous de chez "Mayanne", l’inquiétude fait surestimer la largeur de cette ruelle et un caisson de munitions reste coincé entre les deux haies. Durant toute la journée, les batteries anti-aériennes poursuivent leurs tirs sur les avions ennemis, mais rien de significatif au niveau des 2ème et 3ème bataillons.

Les nouvelles de l’invasion allemande se répandent comme une trainée de poudre. La panique s’empare des villageois. Des groupes se forment et se rassemblent pour s’accorder sur les derniers événements et organiser d’éventuels préparatifs en vue d’une évacuation. Mais la journée reste assez calme dans l’ensemble.  

Après minuit, une colonne de bus vides passe sur la route de Héron à Huy. Au matin, les premières troupes françaises commencent également à arriver et vers 10h00, certaines unités de la 5ème division nord-africaine française passent par Couthuin. Dans l'après-midi, 3 pelotons de motards et 25 canons antichars de l'armée française arrivent. Les Français ont reçu l'ordre de se placer sous le commandement de la 5ChA pour renforcer la ligne de défense à Couthuin, Héron et le long de Meuse. Le colonel Bourgies leur attribue un poste de deuxième ligne. Les Français s’installent et renforcent les défenses, notamment à Marsine, où un escadron prend ses quartiers à la ferme Piron. De nos jours, quelques traces sont encore visibles, comme des meurtrières dans les murs ("emplacement de nids mitrailleuses").

Au vu de la surprenante supériorité de l’armée allemande avec ses divisions blindées qui ont traversé le canal Albert près de Maastricht le 10 mai, les allemands ont entre-temps déjà pris Tongres et affluent vers le sud-ouest. Le haut commandement décide de renoncer à la position fortifiée de Liège et envoie la 3ème division d'infanterie à Namur, le long de la rive gauche de la Meuse, faisant de Namur la seule destination logique pour la retraite belge. Les Chasseurs Ardennais de la 2ème division sont également déplacés à Namur pour occuper de nouvelles positions sur la bordure nord de la position fortifiée. Les régiments reçoivent leurs nouveaux ordres de marche vers 21h00. Les unités doivent traverser la Mehaigne pour occuper des postes dans le secteur Cognelée-Gelbressée. Les troupes françaises sont laissées seules sur les bords de la Meuse. Le premier bataillon Belge doit être prêt pour le départ vers Namur à 21h30, mais ne reçoit pas d'ordre d'exécution. Il ne sera informé à minuit de rester sur sa position. Les autres bataillons partiront. Le 2ème bataillon commencera la marche en premier et partira à 22h00, suivi du 3ème bataillon et de la 10ème compagnie. Le train des bagages suivra une heure plus tard. L'itinéraire passe par Marsinne, Verlaine, Landenne-sur-Meuse, Wartet, Hingeon, Gelbressée et Boninne. La traversée de la Mehaigne est sécurisée par l'armée française. Le 4ChA occupe le sous-secteur sud entre Reppe et Landenne et est soutenu par l'artillerie du groupe du 5A de Couthuin. La division est alertée à 12h30 et envoie immédiatement ses unités. Le personnel de la division se déplace sur deux échelons de Fumal à Héron, où un service d'urgence est dressé. Le secteur est donc pleinement opérationnel sur son nouvel emplacement à partir de 4h00 du matin.

Le matin du 11 mai, les bombardements se rapprochent. On peut observer de la fumée du côté d’Ohey, Bierwart, Vinalmont, La Sarte, et Java où les soldats français se réfugient dans les galeries des mines qui vient de Longpré. Vers 13h00, deux chasseurs de l’aviation française interceptent et mitraillent un bombardier allemand qui s’abat au lieudit "Les Bornes" au-dessus du thier de Java. Des balles traçantes tirées par les avions allemands parviennent à atteindre le sol de Surlemez en brûlant une dizaine de mètres de trèfle derrière la maison "du Peigneur". Toute la journée, les habitants quittent leurs foyers dans la précipitation pour fuir l’arrivée des troupes allemandes. Des milliers d’évacués passent par Couthuin et Héron, des maisons sont vandalisées. Les français qui ont installé des batteries d’artillerie aux lieux-dits Forseilles, les Malheurs et des deux côtés de la route montant vers Héron, dans le fond de Jottée, sont inlassablement attaqués par les stukas en piqués afin détruire ces batteries qui tirent sur les ponts de la Mehaigne et sur les routes Vinalmont-Fallais. Inlassablement, la ronde des stukas en piqués, les bombes font peu de dégâts apparents car les batteries reprennent leurs tirs une fois les avions éloignés. En soirée, le calme revient, hormis quelques tirs de balles traçantes par l’aviation allemande contre ces batteries installées au-dessus du « Tige de Héron ». Après consultation, il est déterminé que les Français placeront également deux bataillons au deuxième échelon des Chasseurs Ardennais.

Mise en place des batteries françaises

   

Attaque de des stukas

 

A 11h00, l’unité du 6CHA qui avait quitté la place de Wanze à pied vers Moha et Bierwart, est soudain surprise par une fusée éclairante sur la route au niveau de Héron. Tout le monde se couche dans le fossé bordant la route. Mais malheureusement une attaque aérienne les vise et le soldat Tettelin Philippe est tué d’un éclat d’obus.

Le commandant du Premier bataillon du 25ème de Ligne, ainsi que certaines troupes, peuvent rejoindre le village d'Oteppe vers 07h30. Une deuxième fraction de ce bataillon dirigé par le commandant Vierset de la 4ème compagnie arrive à Landenne juste après 11h00. Cependant, le deuxième bataillon du major Crèvecoeur et son groupe d'état-major avec une partie des 7ème et 8ème compagnies sont capturés par l'ennemi vers 07h30 à Malplaquet. Une partie des deux compagnies peut s'échapper et va cantonner en fin de journée à Andenne. La 5ème compagnie dans son intégralité peut atteindre Namur. Enfin, la 6ème compagnie est dépassée et désarmée par les Allemands à 5h45 à Waremme. Les 400 à 500 hommes du 3ème bataillon réussissent à quitter Liège de façon assez cohérente. ils atteignent Bierwart vers 08h00. Le commandant Wilmet ne sait pas où se trouve le reste de son régiment et décide de se rendre à Namur. Enfin, le colonel Vreux, avec l'état-major du régiment et une centaine d'hommes, arrive à Héron et y passe la nuit avec son détachement. Le poste de commandement de la 3ème division d'infanterie arrive à Lavoir dans l’après-midi et ordre est donné de regrouper la division autour de Flawinne à l'ouest de Namur. Cette retraite coûtera au régiment 6 morts le 12 mai.

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